Lorsque la vie vous en veut profondément, il n’y a rien, absolument rien, pour rivaliser avec elle. C’est triste, c’est injuste. Oui, pleurez autant que vous voudrez, ça n’y changera strictement rien! Lorsque la vie décide de vous en vouloir, même les vieilles dames s’y mettent et vous tabasse dans un combini à coup de parapluie pour avoir le dernier article au rabais! Vous parlez d’un enfer =.= mais surtout d’une atteinte à la dignité. Soyons francs, cette vieille chose ne méritait que de se faire caresser le nez à coup de genoux, oh oui! Cependant, son statut de vieille la protège de facto à un tel règlement de compte. De quoi ajouter un peu plus à l’injustice de la vie. Difficile d’être un Peipei dans ce monde de brutes!
Envers et contre tout, pourtant, Junpei n’avait pas à être si malheureux que ça aujourd’hui. D’accord, l’épisode de la vieille mocheté l’avait mis de mauvaise humeur, mais si l’on fait une moyenne des dernières années, être de mauvaise humeur n’est pas uniquement la faute de la vieille! Bref, aujourd’hui était le premier jour de son nouveau boulot! Il avait encore une grosse dette sur le feu et il devait économiser un maximum pour le voyage scolaire de ses sœurs qui approchait à grand pas. En clair, un troisième boulot était devenu vital et Junpei avait été assez content d’en trouver un rapidement.

S’étant rendu dans les beaux quartiers, il fallait bien admettre que le ténébreux faisait plutôt tache dans le décor. Mais peut importe! Pour le fric, il était prêt à supporter des images tel que cette femme d’âge moyen qui promenait son caniche avec une laisse qui devait coûter plus cher que le loyer de l’appartement où il vivait. Dire qu’il y a dix ans, Jun vivait lui aussi dans ce genre d’endroit… Bien des gens ne le croiraient pas, s’ils le savaient!
Tout ceci n’est pourtant pas très important. Ce qui l’est réellement, c’est qu’après avoir été informé de ce qu’il devait accomplir comme tâches aujourd’hui, le ténébreux se mit à l’œuvre sans tarder. Plus vite il commencerait, plus vite il finirait et le temps, c’est toujours de l’argent! Donc, Junpei s’était transformé en une sorte de jardinier des temps modernes pour l’occasion. Devant faire principalement revivre la pelouse pour souligner ce beau printemps, le jeune homme avait commencé par ratisser tout ce qui était mort sur la propriété. Aussi bien dire que cela lui prit un certain temps vu l’étendue de la propriété en question, mais ça ne le dérangeait pas du tout. Junpei était toujours très travaillant et patient lorsqu’il s’agissait du boulot.

Du moins c’était ce qu’il croyait. S’il avait su, là, à l’instant, alors qu’il était armé de cisailles et qu’il débarrassait un cerisier de ses faiblesses, qu’il était sur le point de rencontrer un élément de travail qu’il aurait mieux fait de ne jamais connaître, peut-être aurait-il tout abandonné tout de suite. Peut-être aurait-il même fuit en courant et en hurlant comme un malade. Peut-être même qu’il aurait opté pour mettre fin à ses jours avec les cisailles, qui sait! Mais comme il ne savait rien de tout ça, Junpei se contentait de couper ces branches de façon méthodique et rapide. Il glissa ensuite les cisailles dans sa poche arrière et entreprit de rassembler toutes ces branches au même endroit dans le but d’y mettre le feu et de les faire disparaître!
Son esprit était vide, totalement concentré au travail. C’était l’une des bonnes choses de devoir travailler d’arrache pied du soir au matin, il n’avait pas le temps de s’apitoyer sur son sort!

Mais quel était donc cet élément qu’il était sur le point de rencontrer? Parce que oui, changer de sujet ne se fait pas aussi facilement! Malheureusement =.=
Eh bien, pour tout dire, il s’agit justement de ce qui arrive à l’insu de Junpei… une chose terrible. Le genre de chose où seuls les plus forts peuvent y survivre! Une fille =.=

Toujours, mais ô toujours se méfier des maisons de riches. D’abord, et Junpei en est parfaitement au courant vu ses années précédentes dans un tel milieu, parce que ces maisons sont immenses. Elles ont des couloirs et des recoins à n’en plus finir, de vraies labyrinthe et c’est toujours très dramatique lorsqu’on cherche les toilettes avec urgence! Ensuite, les planchers sont toujours si parfaitement propres qu’ils en sont dangereusement glissant. Un vrai piège pour quiconque s’y balade en chaussettes de laine. Et finalement, elles abritent toujours des princesses naines à fuir absolu-factolument comme si votre vie en dépendait!
Oui bon, ce dernier élément, Jun ne le savait pas encore puisqu’il n’y avait pas de princesse naine chez lui à l’époque où sa chambre était plus grande que l’appartement qu’il habite aujourd’hui avec sa famille.

Cependant, comme la vie n’est qu’un long apprentissage sans fin, Junpei était sur le point d’apprendre que les princesses naines sont une autre chose à se méfier dans les maisons de riches. Lui qui était tranquillement à rassembler les branches pour les faire s’envoler en fumer, il n’avait pas entendu la demoiselle arriver.
Sursautant à sa salutation ô combien enthousiaste, le ténébreux posa une main sur son cœur tout en tournant vivement la tête vers la brunette. Premier contact visuel établi. Une naine plutôt jolie, certes.
Méfis-toi Peipei souvient-toi de ta première vie!!!!

-Yo…

Non, ne lui répond pas! Ne la regarde plus dans les yeux!!
Oui bon, il la regardait de manière assez perplexe pour être franc. Rien d’alarmant. Aucune cloche ne lui sonnait comme cela aurait dû l’être. Son détecteur de cauchemar ambulant devait être défectueux. Mais comment aurait-il pu savoir? Elle avait l’air gentille pour venir le voir comme ça. Parce que vu son style vestimentaire, elle n’était sûrement pas une domestique des lieux!

-Mayuko Junpei.

Et comme son instinct lui disait qu’elle n’était vraiment pas employée ici, Jun s’inclina légèrement comme un gentil larbin devait le faire. Dire qu’il y a dix ans, c’était les autres qui agissaient ainsi avec lui! Comme quoi la vie pouvait parfois changer du tout au tout.

-Ça ira, j’ai presque fini.

Han tu oses lui dire non!!!
Bha quoi? Et si elle se cassait un ongle? Il n’avait pas franchement envie de l’entendre se plaindre de sa manucure sinistrée tout ça parce qu’elle était venue lui donner un coup de pouce! D’ailleurs, le ton du ténébreux le traduisait plutôt bien. Cette fille venait le déranger dans son travail, aussi sympathique pouvait-elle avoir l’air, et s’il y avait une chose que Jun détestait, c’était bien d’être déranger dans un boulot où la productivité était la clé d’une journée satisfaisante et payante! Cependant, admirons le talent de garder cette réplique cinglante pour son fort intérieur. Ainsi on ne brusque pas trop la petite dame.

-Tu peux retourner à ton brushing.

Awww. Ça, par contre, il aurait dû le garder pour son fort intérieur =.=
Oui bon, il ne pouvait pas savoir que la naine était en fait le démon déguisé en objet de kawaiisme pur. Le mal se cache partout de nos jours, il faut se méfier, mais Peipei était trop occuper à gagner du fric pour être suffisamment méfiant. Ainsi va la vie. Mais n’ayez crainte. Comme nous l’avons déjà dit, la vie n’est qu’un long apprentissage.
Vas-y mimi, apprend lui la vie *O*

Cette fille était-elle diaboliquement sympathique? Parce que oui, là, ces grandes cérémonies pour un simple employé qui ramasse des branches… ça commençait à être suspect. Même si Junpei n’avait pas de raison précise pour se méfier de la petite brune, cela était un peu trop pour être vrai. Vous connaissez le dicton « trop c’est comme pas assez. Voilà que le trop commençait à mettre la puce à l’oreille du ténébreux. Que cachait toute cette gentillesse? Elle avait deux trois faveurs à faire réaliser et elle avait décidé que Junpei serait l’homme qui les réaliserait? Huuum, si seulement il se doutait qu’il n’était pas si loin que ça de la vérité! Hélas non. Il ne fit pas plus gaffe que cela non plus. Trouvant cette attitude exagérée, mais sans plus. À quoi bon penser tout de suite au complot? Il aurait tout le temps de devenir paranoïaque avec elle plus tard, aussi bien le garder sain d’esprit pendant que nous le pouvons encore!

-Ouais, je suis sûr.

Parce qu’il reste des branches? Certes, mais qui avait dit qu’il avait terminé de les ramasser? Il achevait oui, mais fini jamais on ne l’avait dit è.é
Roulant les yeux dans leur orbite, le ténébreux se dirigea vers les branches – qu’une tondeuse aurait déchiquetées d’ailleurs, ce n’était pas la peine de lui montrer celles-là – pointées par la naine et les ramassa avant de les lancer dans le tas composé de leurs consoeurs. Il retourna ensuite aux véritables branches qu’il restait à ramasser. Pourquoi cette fille ne s’en allait pas? Junpei jouait peut-être les intouchables en ce moment, mais il faut bien admettre en toute intimité que sa présence était un poil agaçante. Il n’aimait pas être scruté à la loupe lorsqu’il travaillait et c’était justement la sensation qu’il avait. Un peu comme une bête de foire. Sauf que Jun n’avait pas quatre bras ou deux têtes, il était donc inapproprié de l’observer comme ça! è.é
Perdrait-il patience?
À votre avis? è.é

-En effet, c’est une horreur, tu devrais aller revoir ça.

Tout pour qu’elle s’en aille en somme. Et pourquoi? Peut-être parce que son instinct lui criait haut et fort de se méfier tout compte fait. Ne serait qu’une bonne chose, même si la tactique, elle, n’était pas bonne du tout. Il ne faut jamais tenter le diable, non? Par conséquent, il ne faut surtout pas titiller une Nakamaru Miho de peur que cette dernière ne décide de vous rentre la pareille au centuple.
Espérant donc que la miss reparte vers un miroir en pleurant – sait-on jamais les filles riches étaient sensibles à leur apparence – et ainsi avoir la paix, Junpei ne lui prêta plus guère d’attention. Il termina de rassembler les branches et s’empara ensuite d’un bidon d’huile. Peut-être que ça, ça la ferait partir! Les filles n’aiment pas sentir la fumée, surtout lorsqu’elles investissent des fortunes en parfum!

Étendant un peu d’huile sur les branches pour les aider à flamber plus rapidement, le ténébreux sortit ensuite une boite d’allumettes de sa poche arrière. Il en gratta une et la jeta ensuite dans l’amas de bois et d’huile. La flamme ne perdit pas de temps à gagner en importance et Junpei se saisit du boyau d’arrosage, prêt à humidifier un peu les bords de pelouse au besoin pour contenir le feu qu’il venait de faire naître.
Il ne prêtait donc absolument plus d’attention à Miho. Si elle désirait se faire enfumer, c’était son choix après tout. Jun, lui, se contentait de faire son travail. Plus vite il serait fait et plus vite il pourrait rentrer pour s’occuper un peu de ses sœurs avant de devoir aller à son boulot de nuit. Être barman n’était peut-être pas resplendissant, mais le ténébreux avait découvert que cela permettait un max de fric en tenant compte de son absence de diplôme.