Il était une fois, dans une cuisine miteuse, deux jeunes hommes en pleine guerre, une guerre éternelle dont seules quelques accalmies venaient par moment. Oui, dans un appartement assez petit et mal éclairé, nos deux immatures se disputaient encore pour savoir lequel aurait la corvée quotidienne de vaisselle. Malheureusement pour Naoki, son colocataire, Shunta, semblait avoir marqué un point avec sa nouvelle « conquête » ou du moins en échangeant un baiser à une journaliste assez bien foutue. Raah comme notre Don Juan regrettait à présent d’avoir centralisé ses efforts sur une planche à pain Nakamaru-enne. Soupirant, il observa l’œil noir son rival qui clamait sa victoire avec fierté.

« Gagné, c’est ton tour de faire la vaisselle Nao’ »

« Eeeeeeeeeh ?!?! è.é Je demande un Re-match !!»

Pas question de se laisser avoir aussi facilement, les chaudrons pouvaient bien s’accumuler encore quelques jours – vu la montage qu’était devenue la cuisine, ils n’étaient plus à un morceau près. Deux jours, c’est tout ce qu’il demandait, une chance de prouver sa valeur et de ne pas devoir déclarer forfait parce que voilà maintenant quelques semaines qu’il n’avait pas approché d’une fille digne de lui faire gagner le grand prix. Alors qu’il retournait vers le frigidaire pour observer la liste et les photos de leurs conquêtes respectives – ainsi que le nombre de point attribués par chacune, il lança :

« Tu devrais avoir un -10 pour Rina !!! Ou alors…… Je pourrais draguer la mignonne qui est venue te voir au restaurant l’autre jour… Tu fais la vaisselle si je la mets dans mon lit ? Allez on dit deux jours pour attirer cette Katsumoto-chan dans mes filets. »

Si seulement Nao’ avait su lire le rictus sur le visage de son rival, si seulement il avait pu décoder le « essais toujours, mais tu n’y arriveras pas » il ne se retrouverait pas dans cette fichue situation de soir là. Déjà, il avait du dépenser ses économies pour aller dans un club d’escorte – c’était ce soir ou jamais, il ne pouvait pas se permettre plus d’une soirée dans un club d’Host, sinon, c’était la faillite. Accoutré de son plus beau ensemble – veston et pantalon très classe, il pris un Taxi jusqu’à l’endroit où cette petite demoiselle travaillait. Il était au courant parce qu’il avait étouffé son ami de question après l’avoir aperçu avec une potentielle conquête. Bah oui, celui qui charmerait cette fille aurait un +20. Il ne pouvait pas laisser ça passer !!

Bref, tout avait commencé avec une histoire débile, dans un appartement débile et entre deux débiles. Et voilà notre garçon devant un club, prêt à dépenser ses économies. Mais il n’avait jamais mis les pieds dans un tel endroit et, il doutait que ça soit la meilleure façon d’approcher cette fille. Mais bon, elle allait prendre ses jambes à son cou s’il tentait de la retenir à la sortie du boulot, tout ce qu’il voulait, c’était s’épargner la vaisselle. Comment ça ce n’est pas une bonne raison pour traumatiser une jeune fille? Baliverne ! Entrant dans ce club, il se dit qu’il était vraiment dans un endroit inconnu. Pervers lui ? Oui. Mais il était encore pur quant aux trucs étranges comme les clubs d’Host. Attendant qu’on lui indique la marche à suivre, il observait avec un air faussement assuré les gens qui passaient jusqu’à ce qu’il la voit, elle : sa cible.

Finalement, il observa un nouveau client et fit comme lui, prendre une table, commander un verre et mentionner sa préférence pour la petite demoiselle si mignonne répondant au nom de Riina. Lorsqu’elle approcha, il lui servi son plus beau sourire. Pourquoi diable devait-il faire ça avec une fille comme elle? Il était un séducteur, un grand parleur, et elle était payée pour faire ça… De ce point de vue, sa séduction ne risquait pas de marcher. Autant y aller avec une autre approche.

« Tu es une amie d’Ikebana-san non ? Je suis désolé de te déranger mais... je suis venu solonellement te demander ….»

Continue, tu auras juste l’air totalement ridicule, surtout si elle est au courant de votre compétition stupide.

« De me sauver de la vaisselle. S'il te plait ?»

Non t’as pas l’air con. T’as l’air bon pour l’asile. Demande ça à une Hôtesse….

Le problème avec les filles comme Riina, c’est qu’elles sont capables de penser. Oui oui, c’est n défaut, notre Casanova préférait de loin les vieilles dames en manquent d’attention, si désespérée que les manipuler était d’une simplicité enfantine. Enfin, ce n’était pas tant qu’il jugeait l’intelligence comme inutile, mais « soit belle et tait toi » ça le faisait aussi. Pauvre, pauvre Nao’, tu vas finir pas être rudement déçu quand tu réaliseras que Miho n’est pas une pauvre cruche et qu’elle te manipule depuis le début. Bref, ses aspirations d’avenir mises de côtés, il observait la demoiselle qu’il avait personnellement demandé. Non mais, il n’avait rien à faire ici à la base, lui et dépenser son argent en agréable compagnie, ça faisait deux. Normalement, c’était le contraire, alors il ne voyait pas du tout comment on devait agir quand on était le client. Enfin, le meilleur moyen était sans doute d’y aller directement, le rôle du mec désespéré, c’est mieux que le vieux pervers. Non? Qui sait.

Il la regardait approcher avec un léger sourire, elle était vraiment mignonne. Si mignonne qu’il en venait à se demander pourquoi un coureur de jupon comme Shunta n’avait pas encore tenté sa chance. Mais elle avait cette tête qui disait « met moi en colère et je t’assassine » si si, elle avait l’air grincheuse cette petite. Bah …ça avait un certain charme non? Oui mais encore une fois, il n’était pas ici pour jouer les vieux pervers, il voulait juste se sauver de l’énorme pille de vaisselle. Vous trouvez ça stupide? Oui sans doute, mais quand on sait que la besogne de lavage devrait prendre quelques heures, on comprend l’ampleur de la tâche. Il tenta donc une approche amicale mais fut rapidement remis à sa place par Miss furie. Il haussa alors les épaules.

« Logique, peut-être. Mais tu avoueras que ma demande est quand même franchement moins déplacée que celle que le mec à gauche risque de te faire. Déjà moi, je ne tiens pas à ce que tu enlèves tes vêtements… »

Il disait cela d’un air dégagé en jetant un regard amusé au vieillard limite pédophile qui se faisait un plaisir malsain de dévisager la demoiselle. Il faut admettre que vu comme ça, il était quand même rudement moins déplacé. Moins déplacé oui, mais beaucoup plus chiant, ça risquait de finir en joute oratoire et ça avait quelque chose de divertissant. Ah ça, si on pouvait se disputer avec les employées, alors il aimait peut-être l’ambiance. Mais outre sa victime, les autres semblaient trop occupées à sourire pour protester. Finalement, il avait attrapé une tête forte, tant mieux pour lui. Les filles qu’il ne comptait pas draguer, c’était plus drôle de leur montrer combien il était doué pour être le salaud de service.

« Bon alors, tu t’assois ? Fais pas cette tête je promets de ne pas loucher dans ton décolleté Kawaii-chan. De toute façon, je n’ai pas de faible pour les planches à pain. n__n »

Ça avait quelque chose de jouissif de l’emmerder et de savoir que si elle était trop désagréable, c’est elle qui s’attirait des ennuis. Disons simplement qu’il aurait été plus clément si elle ne lui avait pas répondu. Ah orgueil, quand tu nous tiens. Nous soulignerons aussi que notre Nao’ avec un petit côté sadique et que pour lui, énerver une jeune fille, c’était quelque chose de purement amusant. Et cette fille, elle était l’ennemie numéro un. L’amie de Shunta le cruel, Shunta le vil qui refusait de s’enlever des points au classement pour avoir décroché la petite amie la plus bête du monde. Il lui faisait signe de s’assoir à côté de lui avec un sourire tout aussi énigmatique.

« Alors alors, et si tu me racontais tes tourments, je ne dois pas être le pire de tes clients vu les vautours qui te déshabillent du regard. Enfin, tu peux me raconter ça, ou alors, un baiser et je m’en vais, vainqueur et libéré de la vaisselle. »

Un sourire moqueur, une main passée dans ses cheveux sombres. Y avait-il réellement plus détestable que ce mec ? On en doute et on en veut pas le savoir, si une telle chose existant, ça serait tragique. Il aurait pu faire des publicités de dentifrice avec son sourire faux, charmeur et tellement blanc, il faut croire que faute d’être riche, il avait au moins la beauté. Ah oui beauté, cette beauté magnifique qui vous force à vous admirer chaque fois que vous vous voyez dans un miroir. Son seul et unique amour, c’était lui-même. *O* Et jamais il ne se décevrait. Bien emmerdant, il se rapprocha de sa pauvre victime en déclarant.

« Bon alors, tu choisis quoi? »

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, Serizawa Naoki avait quelques bons côtés ou du moins, des valeurs de base puisqu’il considérait qu’agir comme une catin était le pire comportement qu’une fille pouvait adopter. Du coup, s’il n’était jamais venu dans un club d’Host avant ce soir, c’est tout simplement parce qu’il préférait que ses conquêtes soient consentantes et idéalement, qu’il n’ait pas à les payer. Que voulez vous, ce n’est pas parce qu’il envisageait d’épouser une femme pour sa fortune et qu’il se comportait lui, en véritable gigolo, qu’il acceptait cela du sens opposé. Quoi lui, sexiste ? Un peu mais surtout old school. Et en tant que mec terre à terre, il avait beaucoup de mal à concevoir qu’une fille comme Riina, qui semblait mignonne et plus que capable de se dénicher un fiancé fortuné sans avoir à bosser comme Host se retrouve ici. Aussi, quand d’un ton assuré elle mentionna que certains pédophiles seraient prêts à payer gros pour l’imaginer retirer ses vêtements, il haussa un sourcil et la dévisagea comme s’il était particulièrement choqué :

« Je croyais que le but dans ton boulot, c’était de tenir compagnie, pas de vendre ton corps… Ce n’est pas une forme de prostitution quand tu formules ça de cette manière ? »

Pourquoi avait-il l’impression que ce sourire aguicheur lui allait si mal? Elle était mignonne et délicate non, elle aurait du avoir les yeux brillants, avec un petit sourire timide, quelque chose qui lui irait mieux que cette expression piqué à la trainée qui parcourt les bars. Cette constatation força notre Casanova à observer un peu plus celle qu’il payait pour lui tenir compagnie. Vu de cet angle, il aurait du en profiter un peu et accessoirement l’observer plus longuement. Mais non, ça l’énervait cette ambiance, il trouvait ces hommes et femmes ici pathétiques, et les employés, c’était tout simplement dégradant. Il releva son minois sur cette jeune fille qui semblait toujours aussi aguicheuse. Elle avait quoi, dix-sept ans, dix-huit tout au plus ? Et elle acceptait cette vie ? Pourquoi? Contrairement à ce qu’il jugeait autour, elle n’avait pas le profil d’une escorte… Il haussa un sourcil alors qu’elle défendait son buste.

« Je ne vois pas l’intérêt de reluquer une femme comme si j’étais incapable d’en voir une peu vêtue par mes propres moyens. Mais si tu m’accompagnes à la fin de ton chiffre, je veux bien « observer le plus près » tes attributs de planche à pain. »

On ne peut quand même pas retenir le pervers en soi si longtemps. Mais pas question de lui montrer ou de lui laisser voir qu’il la trouvait un brin mignonne, des plans pour qu’il perde le peu d’estime qu’il avait encore après avoir mis les pieds là. Ça serait inhumain. Et donc, il lui avait lancé un sourire joueur, un air assuré malgré le dégout que lui inspirait cet endroit. Et il dépensait ses économies pour ça présentement hein? Quelle horreur. Et puis de toute façon, en se qui le concerne, tout ce qui avait de l’importance, c’était l’argent. Une partie de lui se dit qu’il devrait peut-être poser sa candidature pour bosser ici. Mais l’idée de devoir sourire, de devoir être charmant en toute occasion lui levait le cœur. Au moins, à son boulot, il pouvait tirer une tête d’enterrement, être chiant et se rattraper le soir, avec ses nouvelles conquêtes. Oui, pas question qu’il s’abaisse à ça. Mais elle, pourquoi le faisait-elle. Il en revenait toujours au même questionnement.

« Tu n’as ni la tête ni l’intérêt pour y bosser j’ai tord ? »

Et toc. Comment répondre à une question par une autre question. Avec son plus beau sourire, il avait croisé ses mains sous son menton et il l’observait à la dérobée. Il y avait quelque chose de jouissif à l’embêter de la sorte. Ce n’est que maintenant que ça le frappait. Lui si faux, si manipulateur, il ne pouvait que constater qu’elle n’avait pas le profil de la femme de petite vertu. Et ça piquait sa curiosité. Finalement, cette fille valait bien une vaisselle si elle pouvait le divertir de son monde d’ennui. Il lui avait quand même exposé son plan de sauvetage mais elle avait facilement répliqué. Facile… trop facile. Il s’était approché d’elle, les lèvres tout près de son oreille :

« Pas si facile ? ………..»

Vas-y, tu l’emmerdes à peine à souffler sur sa peau en parlant d’une voix grave et douce…

« À mon avis, tu es même plutôt coincée …… »

Non franchement, tu ne feras jamais assez de dégât hein Nao’ ?

« C’est parce que tu ne sais pas embrasser peut-être? »

Il se recula ensuite avec un sourire, sa main attrapant une mèche de la demoiselle qu’il porta à ses lèvres pour y poser un baiser avant de la libérer. On vous a déjà appris que vous ne devez pas être un charmeur irrécupérable dans un Host Club ? Non…

« Entre nous, je crois que tu as déjà rendu jaloux la moitié de la salle, alors un peu plus un peu moins. Au moins moi, je n’ai pas l’âge d’être ton père. »

Il jeta un coup d’œil au type deux tables plus loin qui observait Riina.

« Ou ton grand-père. »

« Et moi je ne crois pas qu’une jeune fille devrait donner ce genre d’espoirs à de vieux croulants. Je suis certain que tu désillusionnes déjà la gente masculine de ton âge. »

Et toc. Si elle voulait jouer à avoir le dernier mot, il pouvait très bien entrer dans son jeu. Croisant les bras, notre Don Juan, qui avait quand même l’air bête de faire la morale à son Host, dévisagea la demoiselle avec un sourire assuré. Pour lui, les femmes n’avaient pas besoin de se vendre de la sorte pour attirer son attention, les catins, ils les ignoraient généralement car c’est bien connu, les femmes riches ont de la classe. Mais elle, si mignonne, si hors contexte dans cet endroit, elle l’intriguait et, sa curiosité était tellement piquée qu’il se demandait pour quelle raison il était entré là en premier lieu. Au moins, elle valait l’argent investi et peut-être même la vaisselle puisque vraiment, elle avait un minois à damner un saint. Il haussa un sourcil en la provoquant d’un sourire assuré. Décidément, il prenait un malin plaisir à l’embêter… Ah si seulement il savait. Serait-il un peu ébranlé ? Pas du tout probablement. Il ne comprendrait tout simplement pas. Pour lui, les parents, c’était des bons à rien, des poids dont il faut se débarrasser.

Bref, elle semblait bien perplexe de ses propos et il la comprenait, mais, n’avait-il pas prévenu dès sont arrivée qu’il était ici dans l’unique but de la gagner à sa cause ? Il ne voulait pas faire l’énorme montage de vaisselle et il était venu dépenser ses maigres économies uniquement pour prouver à Shunta qu’il serait vainqueur. Pathétique na? Oui probablement, mais il ne se lassait pas de l’observer, elle était tellement fausse, tellement occupée à jouer un rôle qu’il voulait la secouer. Ce rôle on le prend pour le plaisir, pour avancer, pas comme elle, pour une raison inconnue. Il voulait lui montrer qu’en manipulation, il était mille fois plus doué. Il tenta de la déstabiliser en lui demandant pourquoi elle travaillait ici…

« Je ne crois pas que des vieillards solitaires et à moitié ivres soient de bons juges … Enfin, cela n’enlève rien au fait que tu es plutôt mignonne, Princesse. »

Et voilà qu’il recommençait à affubler quelqu’un d’un surnom débile. Avec lui, il fallait s’attendre au pire. Il s’était approché de la demoiselle, très près de son oreille pour se moquer d’un ton bas sur l’impression qu’elle lui donnait, soit celle d’être une petite fille fragile sans grande expérience. Enfin, il n’en savait rien, mais les pervers ont sans doute un sixième sens pour découvrir ce genre de chose… Reculant, satisfait, il avait posé un baiser sur une mèche de ses cheveux sombres en lui adressant le plus charmeur des sourires. Mais bon, comme un petit animal effrayé, elle semblait soudainement bien distante. Peut-être toutes les Host l’étaient-elles ? Qui sait… Il lui fit remarquer qu’au moins lui, il était en âge normale pour la trouver attirante…

« Tu sais qu’une menace comme ça, c’est presque comme une invitation ? Surtout que je suis certain que ça en vaille la peine. »

Elle c’était relevée, prête à s’éloigner et quelque part, il se surprit à penser « déjà ». Bah oui, il ne l’avait pas encore assez embêté que pensez vous ! Elle devait être si mignonne quand elle rougissait de honte. Oui, on s’entend que Nao’ ce n’est pas exactement le gentil garçon. La regardant s’éloigner, il se releva aussi et l’attrapa par la manche tout doucement avant de murmurer, très bas, de quoi l’énerver un peu plus.

« Si jamais tu changes d’avis, je sera devant le club jusqu’à ce que tu finisses. Je me disais que ça aurait un certain charme, de te parler sans avoir à payer pour le faire. Tu es trop jolie pour agir comme une prostituée. »

Il la relâcha avec un sourire assuré et, enfonçant ses mains dans ses poches, se dirigea vers la sortie après avoir payé pour la maigre consommation d’alcool. Au moins, il ne serait pas totalement ruiné non? Et puis, quelque chose lui disait que les filles comme elle, il valait mieux ne pas les approcher comme le pire des pervers, c’était le meilleur moyen de la faire fuir non ? Une fois à l’extérieur, il prit une grande respiration en se posant le dos contre la brique. Il faisait sombre et il était tout juste 22h00. À quelle heure elle pouvait finir hein? En plus il faisait rudement froid et il se félicita d’avoir amené son foulard. Soupirant, il resta là à attendre, une heure, deux, bref, il attendait sagement contre le mur, entre l’entré et la ruelle où était l’entrée employé. Il vit passer plusieurs des greluches d’intérieur qui le saluaient. Visiblement, les autres employées auraient bien aimé qu’il les attend, elles… Mais non.

Notre coureur de jupon – futur sauvé de vaisselle, avait un but ce soir et ce but avait la tête de blanche neige. Lorsque finalement, il repéra sa petite victime, il se redressa un peu et lui adressa un sourire à vous tuer. Enfin, nous, joueuse, serions mortes si un garçon aussi beau surgissait au détour d’une ruelle pour nous accueillir comme ça. Grand, élégant dans son manteau griffé d’un noir impeccable assorti à son écharpe rouge vin… oui, il avait la classe de Kiki. De cette même voix qu’il prenait pour lui murmurer à l’oreille, il demanda alors :

« Et si j’optes pour une approches plus conventionnelle, j’ai le droit de t’escorter chez toi ? »

On se sauve de la vaisselle comme on peut, il avait quand même trois jours non?

C’est qu’elle était têtue la vilaine, il avait très envie de la provoquer un peu plus, de tester ses limites et idéalement, de la faire fondre en larmes. Non, pas pour le bonheur de la rendre malheureuse, Nao’ n’était pas ce genre d’homme même s’il n’aimait pas particulièrement la gente féminine. Seulement, il voulait prouver son point, gagné, il avait besoin qu’elle lui prouve qu’elle n’était pas comme les catins avec qui elle travaillait, un besoin presque malsain de s’assurer qu’elle était réellement la petite ange qu’il devinait sous les apparences. Pourquoi ça? Qui sait, peut-être était-ce un moyen de voir si vraiment, les gens n’avaient rien de plus à espérer les uns des autres que l’argent. Mais lui, n’était-ce pas tout ce qu’il demandait, tout ce qu’il voulait et la seule chose qu’il cherchait pour être heureux.

Oui, il était au moins aussi accro au fric mais quelque part, il ne voulait pas nécessairement vivre dans un monde ou tout le monde était comme lui. Alors ce soir là, sans même le savoir, il cherchait chez cette fille la confirmation qu’il existait malgré tout des gens qui ne pensent pas qu’au physique. Parce que sinon, ça donnait raison à cette partie de lui qui charmait des vieilles pour l’argent. Ça donnait raison à ces vieux pervers qui payaient pour avoir un peu d’attention, et ça, il ne pouvait l’accepter. Oui d’accord, lui, il était un homme totalement consentant, un homme fort qui pouvait user de ses charmes comme un gigolo parce que c’était drôle et qu’il en retirait quelque chose. Mais la partie macho en lui croyait que les femmes devaient être chérie et protégées, qu’elles ne devaient pas être abusée quand elles avaient cette petit aura de naïveté. C’est sans doute précisément pour ne pas être un salaud qu’il évitait normalement les filles toutes douces. Enfin, sauf ce soir là …

« … Être payée pour être désirée ? Étrange, parce que ma première impression, c’était que tu aurais préféré être appréciée sans avoir à le payer de ta personne. Enfin, je peux me tromper aussi hein. »

Il lui lança un sourire énigmatique. Était-il amant des causes perdues à ce point? Oui. Quelque part, il le savait dès le moment où il avait posé ses yeux sur elle, qu’il aurait envie de la protéger. Il avait déjà eu cette petite poussée d’attachement lorsqu’il l’avait vu rentrer bien tard chez elle alors qu’il faisait pareil. Ce soir là, il c’était dit qu’elle était une voisine bien courageuse et il n’avait pas encore fait le rapprochement entre la voisine de pallier et la Host de ce soir. Mais bon, il n’avait pas envie de la voir travailler comme ça et tous ses vieillards qui la dévisageaient comme un morceau de viande, il avait envie de les étrangler. Pouvait-on réellement dénigrer une femme à ce point? Il n’en savait rien et, malgré le fait qu’il était plus que pervers sur bien des aspects, il fallait que ça soit avec des femmes d’accord et non pas avec des petits chaperon rouge aux sourire faux. Et cette fille, si froide, si isolée, elle avait la frustrante manie d’éveiller chez lui un instinct protecteur.

Il lui avait chuchoté à son oreille et, en la voyant, si prompte à s’éloigner, il sut qu’il avait touché une corde sensible. Comme quoi son sixième sens n’était pas imaginaire et qu’il marchait souvent. Il lui mentionna alors qu’il allait l’attendre et , dès qu’il eut mis les pieds dehors, dans le froid, il se maudit de l’avoir dit. Mais il allait perdre la face s’il ne le faisait pas et il ne pouvait se résigner à tourner les talons. Laissant le temps filer, il attendit jusqu’à voir la silhouette de sa petite princesse. Un sourire étira ses lèvres alors qu’il s’approchait.

« Je te préfère comme ça que grimée comme une poupée. Finalement, l’attente en valait la pein e. »

Il laissa échapper un petit rire avant de poser son regard sur le ciel sombre. Il proposa ensuite de la raccompagner. Enfin, proposer, ce n’est pas exactement comme s’il lui donnait le choix. Déjà, il lui emboitait le pas sans un mot. Il n’avait pas encore conscience que la raccompagner, c’était également rentrer chez lui. Les mains dans les poches, il l’observait alors qu’elle lui proposait de faire la vaisselle. Roulant les yeux, il s’approcha un peu plus d’elle avec un ton joueur.

« J’en sais rien … mais j’imagine que contre un baiser, ça vaudrait bien une vaisselle …»

Sans attendre sa réaction, il attrapa un bout du foulard de la demoiselle et lui entoura un peu plus le visage, de sorte qu’elle était totalement dissimulée du froid. On ne voyait plus que ses yeux. Peut-être avait-il un fétiche pour les femmes en Burka? Il ne faut pas rêver non plus. Tout sourire, il laissa échapper un nouveau rire en déclarant :

« Et voilà, comme ça tu es bien protégée et tu n’auras aucune crainte quant à ta vertu. Je peux t’accompagner alors ? »

Il n’était pas là non plus pour la traumatiser hein. Lui-même n’avait pas vraiment idée de la raison pour laquelle il était là, tout ce qu’il savait c’est qu’il lui emboitait le pas. Mais à peines avaient-ils franchit quelques mètres que le vieillard grassouillet de tout à l’heure se planta devant eux. Reconnaissait un pédophile en devenir, notre jeune homme resta planté là, les mains dans les poches, juste à côté de Riina.

« Riina-chan … Je ne savais pas que tu prenais des clients à domicile… *O* Je te paierai le double pour une nuit avec toi »

Non mais il rêvait ? C’était quoi cet abruti? Aucune idée, ce qu’il ignorait aussi c’est pourquoi, instinctivement, son bras c’était passé autour des épaules de la demoiselle et que son regard c’était assombri alors qu’il le posait sur le vieux louche. S’il avait pu assassiner avec ses sombres prunelles, ça serait fait. Il n’y avait qu’une chose qui le mettait hors de lui : qu’on traite une femme comme un objet. Pas question qu’il s’abaisse à ça et pas question qu’il assiste à une telle scène sans réagir.

« Au cas où t'aurais pas remarqué, le pédo' , elle ne fait que rentrer chez elle pour se reposer et je l’accompagne précisément pour m’assurer que les vieux pervers font de même et la laissent en paix. Maintenant, tu lui fiches la paix à moins que tu ne tiennes pas à tes dents. è.é »

Il avait serré les poings dans ses gants de cuirs et, son petit numéro du faire son effet parce que l’abruti s’éloigna en bredouillant des excuses, que c’était un malentendu. Soupirant, il avait oublié de retirer son bras, ce qu’il fit sans se faire prier. Puis, il posa sur elle un regard de reproche. Douce reproche, comme quand on gronde un gamin particulièrement mignon.

« è.é Si tu arrêtais d’avoir l’air aussi adorable ça n’arriverait pas. Dans les rues toute seule, faut que tu prennes ton air de combattante sinon tu va fini kidnappée ! Baka ! »

Victoire, elle avait admis que sourire pour divertir de vieux pervers ce n’était pas une passion, il n’en fallait pas plus à notre Casanova pour justifier que faire la vaisselle, c’était une noble corvée et qu’il pouvait s’y mettre sans protester maintenant qu’elle avait au moins laisser voir qu’elle ne finirait pas dans un bordel comme n’importe quelle femme de petite vie. Ça serait quand même une grande perte puisque Riina était plus du genre matériel à épouse. Oui on passera le fait qu’il classifie les femmes selon « coup d’un soir » et « matériel à épouse ». Et celles de la seconde catégorie, il avait tendance à les surprotéger, peut-être une façon de se faire pardonner d’être un salaud fini avec la première catégorie?

Qui sait. Un sourire flottait sur ses lèvres alors qu’il lui laissait savoir qu’il attendrait dehors. Pas question qu’elle rentre toute seule, dieu sait où d’ailleurs. Les filles aussi frêles, ça ne doit pas marcher dans la rue tard le soir. C’est plein de maniaque. Naoki…. C’est pas toi le plus maniaque d’entre tous ? Non mais on se demande, parce que proposer de raccompagner une fille qui a, pendant un gros dix minutes, pris place à ta table comme le veut son boulot, c’est assez psychotique non? Ce n’était pas un rancard tu le sais ça, elle était payée pour être agréable. Ouai bon alors on ne la payait pas assez cher parce qu’elle semblait bien rebelle. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le temps passer, et heureusement, parce que sinon, il aurait constaté que son corps se transformait peu à peu en glaçon à force de rester dans le froid. Ah si seulement il n’avait pas proposé d’attendre. Maintenant, il devait honorer sa parole. Mais bon, son écolière en herbe fini par arriver, camouflée comme une gentille petite fille.

Oui il était contradictoire… mais pas besoin de lui rappeler d’ailleurs, Riina se fit un plaisir de lui dire que sa logique était bête, demander un baiser et dire ensuite qu’on va attendre. Surtout quand il est question de vaisselle. Il pouvait quand même choisir ses priorités non? Il était assez grand et assez mature? Ça, ça reste à voir… Bref, jugeant bon de se justifier, le « client » assura alors :

« Je voulais un baiser pour me sauver de la vaisselle. Et maintenant, je dis que je veux bien attendre plus que mon délai si je peux finir par en avoir un. Nuance. »

Et Toc. Ce que tu es fort hein. Très doucement, il remonta le foulard sur le nez de la demoiselle sans prendre garce à son sourire. Ce qui était quand même rudement dommage parce qu’il aurait sans doute craqué un peu plus pour son air innocent. Il s’imposa alors comme escorte obligatoire, jugeant qu’elle ne pouvait pas rentrer toute seule. Son indifférence lui sembla comme une bénédiction et, avec un sourire, il se pencha un peu vers elle pour chasser un flocon qui c’était posé sur son nez à moitié dissimulé par le foulard. C’est que ça retombe ces cruelles protections contre le froid.

« Faire comme je veux? Attention, je pourrais bien te prendre à la lettre. »

Un petit sourire complice, mais rien de déplacé et il lui emboitait le pas, restant à une distance respectable. Le but n’étant pas de la coller et de passer pour un stalker non plus. Naoki était un homme bien – et un pirate – il pouvait tout à faire agir en véritable gentleman sans avoir l’air d’un obsédé. Enfin bon, gelé comme il l’était, il n’allait certainement pas avoir de pensées perverses. Le froid, ça tue la libido je vous le dit moi! Alors qu’il allait dire quelque chose, un client arriva pour proposer aussi directement que crument à la demoiselle de coucher avec lui. Quel manque de savoir vivre, un tel comportement fit froncer les sourcils de notre ténébreux qui passa un bras protecteur autour des épaules de la demoiselle et la collant un peu contre lui d’un air furieux. Présentement, le fait que ce mec la paye, il s’en moquait comme de l’an quarante. Ce n’était pas une façon de parler à une femme, tout simplement.

Son petit jeu sembla avoir l’effet escompté puisque le vieux pervers s’éloigna sans demander son reste. Tant mieux, parce que notre jeune homme n’aurait pas hésité à le frapper. Ah Nao’ au fond de toi dort un prince charmant, mais contrairement à la belle au bois dormant, tu attends toujours une princesse hein? La relâchant alors, il avait appris qu’on ne colle pas une fille contre son gré, il se retrouva face à un regard sombre et accusateur. Et des paroles vraiment bêtes lui furent adressées. Comme un gamin qu’on prend en délit, il afficha une mine boudeuse et déclara, très sérieux.

« Ah mais si tu voulais vraiment coucher avec lui, il n’est pas trop tard, tu peux toujours le rattraper et écarter les cuisses hein, c’est super simple !! »

Allez savoir ce qui le vexait plus, le fait qu’elle n’ait aucune reconnaissance, ou le fait qu’elle ne pense qu’à l’argent et pas à l’humiliation qu’un tel homme lui faisait en lui parlant comme ça hein? Un mélange des deux à n’en point douter. Il fini quand même par se calmer en fixant le ciel, il avait reprit cette mine boudeuse mais son ton était plus calme.

« Franchement tu vaut mieux que ça. T’es plus vêtue comme un clown là et t’es plus payée pour être sympa. Alors arrête de laisser tout le monde t’écraser è.é »

Ce qu’elle pouvait l’énerver, elle, aussi vulnérable qu’un petit lapin au milieu d’une meute de loup. Et il s’énervait lui-même d’avoir envie de la protéger alors qu’il ne la connaissait même pas. Ça n’avait rien à vor avec le fait que Shunta l’aimait bien, ni même avec le fait que c’était une fille. C’était juste… cette petite étincelle qu’il voyait dans ses yeux, celle qui semblait totalement perdu et perplexe, il avait juste envie de lui faire un gros câlin quand elle se laissant un peu entrevoir. Il lui fit alors la morale sur l’utilité d’avoir l’air indifférente et froide quand elle était seule, mais évidement, elle protesta encore.

« Parce que t’es complètement inconsciente è.é !!! Une fille ne devrait pas rentrer toute seule si tard le soir. T’imagine s’il t’arrivait un truc?! Et une fille ne devrait pas se laisser faire par des vieux pédophiles MÊME s’ils payent. Si ça peut t’empêcher de finir comme objet je veux bien dépenser toutes mes économies dans ton stupide club même si c’est pour t’endurer m’insulter pendant des heures. Alors non è.é je ne te laisserai pas toute seule, et si tu protestes, je te raccompagnerai tous les soirs ! Maintenant, en route, j’ai froid. »

Elle marquait un point là, pourrait-il survivre à une pille de vaisselle sans aucune forme de récompense? Oui très certainement puisqu’une fois sur deux, il perdait ses pari stupides avec Shunta et qu’il devait s’y résigner. Et puis, mieux valait avoir essayé de dérober un baiser à une princesse comme Riina que de ne pas avoir eu le courage de faire un pas en avant. Bah oui, parce que des filles comme ça, tragiquement mignonnes, vous n’en rencontriez pas à tous les coins de rues, alors c’était tout simplement stupide de ne pas leur parler tout doucement et de ne pas au moins tenter sa chance. S’il avait appris une chose dans la vie, c’était de toujours essayer, et tant pis s’il se mangeait un mur. Tout sourire, il se retourna vers la petite peste qui encore une fois faisait son aguicheuse. Ça avait le don de l’exaspérer en partie parce qu’il était trop fier pour avouer qu’il serait cruelle déçu si elle lui refusait ce privilège. Un sourire joueur jouait quand même sur ses lèvres alors qu’il lançait

« J’ai toujours aimé prendre des risques, sinon la vie est ennuyeuse. Et puis, tu as dis « tu pourrais » ce n’est donc pas une certitude… j’ai donc un maigre pourcentage de succès. Ça vaut le combat. »

Il avait eu un air évasif, un tant soit peu rêveur en avouant cela. Il trouvait tellement plaisant de l’avoir à son propre jeu. C’est dommage ma jolie, mais pour battre un Naokiki sur son propre terrain, il faudra encore des années. Continuant d’avancer, il l’avait ensuite tirée des griffes d’un client un peu insistant et tout ce qu’il gagnait, c’était une crise de nerfs. Était-elle au moins consciente des risques que les malades mentaux comme les vieillards qui fréquentaient le club représentaient? Si elle pouvait le mettre hors de lui, c’était bien comme ça, il l’écoutait lui réciter le résultat de son lavage de cerveau avec un air fier et professionnel et tout ce qu’il pu faire, ce fut de rouler les yeux avec un soupire sonore. Est-ce qu’elle s’écoutait au moins cette petite peste ? Sans doute pas. Notre jeune homme serra un peu plus les poings en la dévisageant, n’osant pas lui dire très brutalement ce qu’il en pensait, même si ce n’était pas ses affaires.

« Tu appliques très mal tes conseils vu que présentement, tu hurles sur un homme innocent en pleine rue è.é »

Bah oui, autant lui faire remarquer que celle qui faisait une scène ici, c’était elle. Il soupira une nouvelle fois en l’observant, pourquoi ses yeux étaient-ils si luisant soudainement? Peut-être était-il allé trop loin et cette constatation lui fit un mal de chien. Il avait un seul principe, même s’il était immoral sur tous les autres points, il ne faisait pas de mal aux filles. Les femmes désespérées, c’est autre chose. Alors de s’imaginer qu’il avait peut-être causé des larmes à une demoiselle aussi douce, ça le chagrinait grandement. Il savait que Shunta n’hésiterait pas à le taper si on lui disait qu’il avait emmerdé Riina … et franchement, il était persuadé de le mériter.

Comme pour lui prouver qu’elle était ébranlée par ses paroles, elle se mit à avancer plus vite mais, sans grande difficulté, il la rattrapa et continua d’observer sa silhouette, deux pas derrière. Si délicate, si minuscule, pleurait-elle présentement sans qu’il puisse le voir? Elle avait l’air tellement frêle… Soupirant, il s’approcha d’elle et, juste derrière, la forçant à s’immobiliser, il laissa tomber sa tête sur l’épaule de la demoiselle. Comme un câlin sans vraiment en être un. Une façon de la réconforter sans la forcer à admettre qu’elle était triste ou qu’elle le voulait. Et histoire de vraiment lui montrer qu’il était désolé de s’être emporté, il déclara :

« é.è J’en ai marre de ce monde stupide d’égoïste et de vieux pervers qui abusent des jeunes filles, je suis si triste Riina-chan, je peux te serrer dans mes bras? »

C’est toujours mieux de dire une connerie comme ça avec un petit sourire triste et une tête de chien battu plutôt que de lui dire directement qu’elle avait l’air triste et qu’il voulait la consoler. Sa tête toujours posée sur l’épaule de la demoiselle, immobilisé, il restait là. Après tout, ce n’était pas inconfortable, et l’odeur de ses cheveux était assez agréable. Assez doute pour l’envouter un petit moment. Merde, c’était quoi cette envie de la protéger et maintenant, de la consoler ? Comme un bel emmerdeur qu’il était, il restait là, à moitié appuyé sur elle comme s’il avait été un abruti en pleine demande d’affection. Jouer les victimes, faire comme si la personne désespérée ici, c’était lui. C’était une façon maladroite de lui montrer qu’elle n’était pas obligée de se confier et qu’il respectait son envie de sourire. Puis, comme si il l’avait assez emmerdé, ou assez réconforté, il se remit en marche et sans lui donner le choix, il attrapa sa petite main dans la sienne.

« è.é Maintenant en route. Et j’espère bien avoir gagné l’autorisation de te payer un chocolat chaud un autre soir pour t’avoir laisser voler ma chaleur comme ça en te collant à mon corps d’Apollon. »

Il disait ça sur le ton de la blague, dans une tentative mal cachée de faire diversion. Il avait bien vu qu’elle était sur le bord de pleurer et il n’avait pourtant aucune intention de la forcer à avouer. Lui aussi, il savait ce qu’était la fierté.

Ça avait quelque chose de jouissif de voir combien elle cédait, peu à peu à son charme ravageur. En même temps, il aurait fallu qu’elle soit raide dingue, aveugle ou alors légèrement dérangée pour oser lui résister. Ce n’est pas tous les jours que Naoki faisait de l’œil à une fille encore moins riche que lui. Vraiment, ça n’arrivait pas souvent. Elle devait être une sorte d’espèce à part, capable de lui donner des envies presque humaines de compassion. Mais pourquoi en était-il presque venu à oublier cette maudite vaisselle hein? Tout ça pour un baiser, il en jouait presque au prince charmant. Décidément, il devait y avoir quelque chose de déconnecté dans sa cervelle. On ne sait jamais… Il l’observait avec un sourire à la fois fier et arrogant pendant qu’elle lui donnait l’autorisation de rêver. Comme s’il allait s’en priver, ça avait quelque chose de vraiment marrant d’imaginer la meilleure amie de Shunta en petite tenue. Bon, on épargnera tout ce même le fait qu’il comptait penser cela d’elle. C’était le meilleur moyen de la faire fuir. Comme elle répliquait, il du convenir qu’elle avait au moins aussi peu de contrôle sur sa langue que lui. Comme un enfant, il ajouta :

« Oh, alors je ne vais pas m’en priver. »

Au moins, il se contentait d’être un parfait pervers dans ses rêves? C’est déjà un point positif non? S’en suivit la scène que tout le monde connait, avec le vieux pervers et la « dispute » entre lui et la demoiselle. Elle semblait vraiment avoir besoin de se justifier, de le blâmer alors que là, c’était elle qui hurlait. Et le problème avec Nao’ , c’est que si on lui criait dessus, il croyait bon de faire pareil, d’en rajouter une couche et d’élever le ton. Il était sensible des oreilles dirons nous.

Et voilà qu’elle gagnait un point en admettant qu’il n’était pas vraiment un client et donc, qu’elle pouvait lui hurler dessus. Ah oui, quelle excellente logique, il devait être le seul homme dans le périmètre à ne pas la voir comme une catin et elle s’en prenait à lui. Excellent. Bon en même temps, il était content de voir une parcelle de sa vraie personnalité mais la pousser à bout ne semblait pas une si bonne tactique puisqu’elle avait déjà les yeux brillants. Merde, il ne faut pas faire pleurer une fille, c’est le pire… Soupirant, il avait continué à marchant en osant même lui faire un semblant de câlin.

Il l’avait alors relâché pour lui attraper la main et l’entrainer un peu plus sur la rue. Après, elle devrait guider parce qu’il n’avait pour l’instant aucune idée de l’endroit où elle demeurait et, croyez le ou non, ce n’était pas le genre de fille qu’il voulait tout bonnement attirer dans son lit ! Et oui, une telle chose, un tel blasphème était possible même pour un Hentai qualifié comme notre Casanova. Visiblement, elle était à retardement cette fille puisqu’il lui fallu quelques secondes pour lui faire remarquer qu’il était collant. Comme s’il voulait un peu plus la déstabiliser, il lui répondu avec son plus beau sourire :

« Seulement avec les filles mignonnes n__n »

Comment ne pas avoir envie de frapper un mec aussi débordant de confiance en lui? On se le demande, vraiment. Il continua de l’amener plus lui toujours en tirant doucement sur sa main jusqu’à ce qu’elle s’arrête à nouveau pour dire qu’elle ne sortait pas avec des inconnus. Son sourire s’élargis et, tel le prince charmant qu’il pouvait être, il se pencha légèrement pour poser ses lèvres sur la main de la demoiselle avec le plus beau sourire, il aurait pu faire des publicités de dentifrices…

« Serizawa Naoki. Maintenant, tu n’a pas vraiment le choix, il faut me laisser t’inviter, Princesse »

Oui, il était insupportable mais ça faisait parti de son charme ? On suppose. Serrant un peu plus la main de cette petite demoiselle, il continua de marcher, il ne voulait pas non plus pousser trop sa chance en la collant, il avait assez de respect pour ne pas se la jouer boulet avec une fille qui était payée pour endurer ce genre de comportement. Arrivant finalement au bout de la rue, il se retourna vers elle en demandant quel côté prendre. Bah oui, il n’était pas exactement un habitué et il ne pouvait pas savoir où elle restait. Cherchant un sujet de conversation, évitant de parler de son boulot, il demanda :

« Alors Kawaii-chan, tu as un petit ami ? »

Cette fille avait un don inné pour l’énerver, elle avait cette capacité visiblement naturelle de le déstabiliser et, s’il y a une chose que notre ténébreux n’aimait pas, c’était bien perdre le contrôle. Pourquoi était-elle capable de lui faire perdre toute emprise sur la situation avec un simple petit sourire ? Pourquoi avait-il envie de lui faire un gros câlin et de lui dire qu’il était prêt à vouer à vie à la servir si elle promettait d’arrêter de travailler comme Host ? Est-ce que quelque chose d’autre que l’argent, pour la première fois en plus de vingt ans, arrivait à faire battre son cœur? Mais non voyons, c’est seulement qu’avec la fatigue, et l’heure… et les vêtements de la jeune Host, il la prenait pour un billet d’argent… Oui on y croit à son alibi en béton è.é !!!

Et puis, comme elle l’avait cherché, la vilaine, il se présenta en s’inclinant dans une salutation digne du prince charmant. Oui bon, les filles ont beau dire que c’est minable, pathétiques ou totalement ridicules, à 99% du temps, elles craquent pour une telle marque de romantisme. Il faut l’avouer, les dames sont des bestioles de contradictions et notre Casanova était plus que bien placé pour savoir ça. Il avait vécu avec une mère totalement hystérique qui hurlait qu’elle ne voulait rien pour son anniversaire et qui pleurait toutes les larmes de son corps si on la prenait au mot. Ah les femmes. Au moins, maintenant, il les comprenait mieux. Enfin, il croyait jusqu’à ce soir.

Cette fille là, c’était une énigme, d’abord parce qu’elle lui faisait remarquer des choses du genre « tu sais cet organe qui pompe ton sang, ouai bah il peut battre rudement rapidement juste parce qu’une fille est proche. Elle lui donnait aussi envie de faire des trucs ridicules, comme par exemple, chasser les mèches de cheveux qui lui voilaient parfois les yeux à cause du vent. Ou tout simplement pousser les flocons du bout de son nez…Des gestes bêtes, normalement, avoir une fille aussi jolie, il ne songerait qu’à lui arracher ses vêtements. Mais pas Riina, quelque part, il se disait que ça serait comme la souiller un peu plus que de lui faire des avances. Alors il jouait le bon garçon, pour une raison qu’il ignorait. Et il se détestait d’être aussi faible.

« Hmmm … il vaudrait mieux rectifier cette erreur alors. Mais c’est injuste si je suis le seul à parler… »

Il avait retrouvé son sourire si charmeur, son air tellement assuré qu’on ne pouvait que se dire que ce mec comprenait l’univers en entier. Il c’était arrêté pour mieux l’observer, sans lâcher sa main. Elle était agréable bon et puis, il se disait vaguement qu’elle devait avoir froid. Tu sais, elle a un manteau comme toi… Oui mais pourquoi elle avait les joues si rouges? Et oui, les garçons, par définition, ça ne comprend pas des choses élémentaires genre « si tu la complimente, elle va forcément être timide.» Tout sourire, il fini par parler d’une voix mi-amusée mi sérieuse, son regard toujours aussi doux. C’était sans doute ça, son plus grand argument avec les femmes. Il tapota du bout de l’index sa propre joue en ajoutant :

« Je répondrai à toutes tes questions mais chaque fois, il faudra me remercier avec un baiser, n___n juste là. »

Bah au moins, il demandait sur la joue non? Il continuait d’avancer en la laissant plus ou moins guider. Elle savait quand même mieux c’était vers où chez elle non? Nao’ l’observait du coin de l’œil, sans rien dire. Pourquoi est-ce qu’elle l’obsédait autant? Pourquoi avait-il l’envie incontrôlable de s’enfuir en courant, et celle de la prendre dans ses bras? Cette fille, elle n’était pas humaine, c’était un monstre, un être cruel qui était là uniquement pour le torturer. Et en plus, elle ne semblait même pas le remarquer. Tentant d’égailler la conversation, il demanda si elle avait un petit ami. Une proposition ? Peut-être. C’est surtout que si elle disait oui, ça lui donnerait une raison de fuir. Sa réponse le saisit et il regretta un instant ses propos. Un goût amer de culpabilité dans la bouche.

« Considérant que ta poitrine est à 100% authentique, contrairement aux Barbies avec lesquelles tu boss. J’imagine qu’un petit ami serait plus éclairé que moi sur les raisons de cette profession. »

Ouai autant lui dire « moi je te laisserais bien faire s’il le faut. » Il roula les yeux à nouveau et fixa cette fois le sol. Quand il se laissait aller à être sentimental, il préférait ne pas la regarder, ne pas lui poser de question. En plus, elle ne semblait pas vraiment vouloir parler de ça alors il se contenta de tout simplement serrer sa main dans la sienne, un peu plus. Puis, un coup d’épaule le tira de ses songes. Un sourire joueur aux lèvres, il lança, amusé :

« Tant mieux alors n__n imagines la réputation que ça me fera d’avoir une petite amie aussi craquante. »

Naoki t’es un charmeur… Le seul problème, c’est qu’en lui lançant son sourire à cent dollar, en tentant de la complimenter et de la séduire, il n’avait pas prêté attention à autre chose qu’elle. Oui, elle est mauvaise pour sa santé, maintenant c’est confirmé. Notre ténébreux ne remarqua pas la plaque de glace et, l’instant d’après, il lui souriait avec son air de Casanova tout en chutant sur le sol, en plein sur le dos, allongé de tout son long avec un air diablement abruti. Heureusement qu’il avait lâché sa main dans sa chute… Mais il n’avait tout simplement pas l’air brillant. Pas du tout même. Et l’égo, c’était le plus blessé è.é !!

Naoki, qui espérait au moins d’une certaine manière qu’elle flancherait ne pu qu’écarquiller minablement les yeux en entendant sa réponse. Elle n’avait que trop raison, la personne prise au piège ici, c’était lui. Parce qu’elle, elle n’allait pas prendre ça mal s’il ne la revoyait plus, elle, elle se remettrait très bien de ne jamais lui reparler. Elle n’avait surement pas un égo aussi disproportionné que notre Casanova ici présent. Ainsi, il devrait être celui qui acceptait non, il se retrouvait dans une position délicate et sa cervelle marchait en mode rapide pour trouver une solution. Elle s’en fichait bien non? Mais et lui ? Aucune idée. Si elle lui résistait, il le prendrait sans doute comme un affront personnel, et puis, il n’aimait pas blâmer son égo… mais au point de parler de lui?

Notre bridé n’était pas le genre de personne qui raconte sa vie aussi facilement. Son métier, ses problèmes, il n’en parlait jamais et normalement, lorsqu’il se présentait, c’était sous une image parfaite du prince charmant. D’habitude, il ne parlait de lui que pour séduire de vieilles poules de luxe et idéalement, se mériter des faveurs, de l’argent et des cadeaux. Il l’observait du coin de l’œil, cherchant quoi répondre à cette petite peste qui n’avait visiblement pas la langue dans sa poche. Il continuait à avancer, sans la quitter des yeux. Elle devait trouver ça marrant non, de résister, peut-être que c’était précisément pour cette raison qu’elle était Host… Secouant la tête comme pour chasser ses pensées – c’était faux et il le savait, il haussa tout simplement les épaules.

« Tu sais que le meilleur moyen de connaître un homme c’est encore d’accepter une invitation ? De toute façon, je ne dois pas être un psychopathe ou un dégénéré puisqu’on partage le même meilleur ami. »

Oui va y, mets la bien en confiance en parlant de Shunta. Évitons de parler que côté coureur de jupon, c’est probablement le seul homme dans ton entourage qui te bat à plat de couture. Alors pour la référence, on reviendra. Et puis tu fais quoi là, à tenter d’être gentil et compréhensif, tu passer une entrevue pour un rôle dont tu ne voudrais même pas hein! Tu ne veux pas sortir avec cette fille non Nao’ ? Rooh la ferme conscience…Mais elle avait raison, ça ne lui servait à rien de s’obstiner de toute façon, il devrait bientôt se trouver une nouvelle victime, une femme riche… qui sait, une jolie lycéenne tragiquement riche? Normalement oui, c’était le but, mais ce soir étrangement, il en venait à avoir des idées stupides comme celle de réellement, inviter Riina au restaurant.

Il avait tenté de détourner la conversation en parlant d’un probablement petit ami et elle avait semblé encore plus blasée en tentant de lui assurer que son boulot – qu’elle disait aimer – la privait un peu de cet aspect de sa vie. Était-elle aveugle au point de croire qu’il pourrait gober n’importe quoi ? Non mais, c’est à se demander à qui elle croyait parler là. Le roi de la manipulation, de la déformation de propos et des sourires forcés, c’était lui, alors si elle voulait le mener en bateau… Mais bon, il la laissa faire, parce qu’elle avait l’air triste et qu’il ne voulait pas la voir comme ça. Parfois, il vaut mieux ne pas creuser non? Mais bon, en parlant de ses collègues, elle lui avait tendu une opportunité et il lui sourit de plus belle, ce même sourire tellement dévastateur.

« Alors c’est une chance pour moi que j’ai décidé de passer la soirée avec cette fille-ci. »

Ajouta t’il en la désignant et en serrant un peu plus sa petite main. Naoki avait beau être un emmerdeur de première, un Casanova à deux balles, il n’en restait pas moins un type rudement conventionnel qui avait un faible marqué pour les petites princesses innocentes. Malheur pour Riina, elle entrain dans cette catégorie. Et puis, il avait bien décidé de la séduire avec un de ses sourires de victorieux tout en s’apprêtant à traverser la rue, main dans la main. Mais malheur, quand on veut trop avoir l’air Kakkoi, le destin nous rattrape et il nous refroidit rapidement. C’est pour cette raison que sa tentative de séduction fut gâchée par une cruelle plaque de glace qui l’envoya au sol. Allongé sur le dos, comme un abruti, il l’observait alors qu’elle avait vraiment l’air très amusée. Et son égo hein? Il avait prit tout un coup le pauvre !

« è.é C’est ça moques toi. Mais quand je serai sur mes pieds fait attention je me vengerai pour ton arrogance ! »

Oh tu as l’air vraiment convainquant comme ça, les cheveux en batailles, les joues colorées par le froid et le sourire aux lèvres. D’ailleurs, il était bien conscient de sa position et, même s’il était cruellement embêté, il se trouvait trop idiot pour ne pas laisser échapper un petit rire lui-même. Mais heureusement, elle se montra aussi douce qu’il l’avait cru en lui tendant les mains qu’il s’empressa de saisir. Mais le problème, en partie à cause de son poids et de la position précaire sur la glace fit qu’il était à peine en processus de relève qu’il perdit pied à nouveau, basculant à la même place, mais cette fois, il n’avait pas lâché ses mains. Bref, elle se retrouvait limite allongée sur lui. On blâme la chute !! LA CHUTE !! Et pour aider son cas ? Il éclata de rire. Un beau rire franc, c’était rare.

« Oi !! Je suis vengé tu vois è.é !! Maintenant, tu vas subir ma colère !! »

Et avec ce regard par vraiment menaçant, se sourire moqueur aux lèvres, il mit toute sa fureur à exécution et se contenta de refermer ses bras autour de la petite demoiselle, la serrant contre lui comme si vraiment, c’était une punition exemplaire.

« Ça t’apprendra à te moquer de moi va ! »

Pourquoi est-ce que cette fille lui donnait tellement envie de la serrer dans ses bras sans aucun arrière pensé? Avait-elle au moins conscience de l’effet brutal qu’elle avait sur lui? Il restait là, allongé sur le dos, ses bras serrés autour d’elle, à simplement profiter de sa petite silhouette, de ses cheveux fruités qu’il devinait malgré sa tuque… En plus de vingt ans d’existence, il n’avait jamais connu cette sensation de simplement, serrer quelque chose contre son cœur avec une envie injustifiée de la protéger. D’ailleurs, il n’avait jamais vraiment rien tenu au creux de sa main, qui eut possédé de l’importance. Enfin, rien omis ce petit chat abandonné qu’il c’était surpris à cacher dans sa chambre et à nourrir en cachette à l’âge de cinq ans. Autant vous dire qu’il avait été cruellement grondé pour cela… Et que Shunta devait subir, en base collocation, l’existence d’un animal à poil dans leur repère. Naoki était non-négociable sur ce point.

Mais comme il ne tenait pas non plus à passer pour un maniaque, il relâcha la demoiselle après un moment et se retrouva sur ses pieds, à replacer ses cheveux et son manteau. Oui vous l’aurez compris, il est très soucieux de son image de tombeur. Il ne peut pas être vu dans la rue négligé, imaginez qu’une vielle dame riche attire son attention !! Oui on y croit… enfin pas du tout hein, avec Riina au bras, il aurait eu beaucoup de mal à apercevoir une autre proie et encore plus à se détacher de cette petite peste qui le torturait mentalement à un point inimaginable. Ce n’était même pas une envie physique, et c’est précisément ce qui l’embêtait tant, il ne voulait rien faire de déplacé si ce n’est peut-être, la serrer un peu plus longtemps…

C’était stupide, pourquoi, de toutes les filles qu’il avait la chance d’avoir, il fallait que cette envie folle, ce sentiment déraisonnable de chérir quelque chose s’abatte sur Riina? Peut-être parce qu’avec son air fier et ses regards qui ne trompaient personne, elle avait l’air encore plus seule et fragile que le petit chaton de son enfance ? Peut-être souhait-il l’adopter ? Ahaha, tant de question, tant de réponses stupides mais dans le fond, c’était mieux ainsi. Il n’était pas prêt à avouer que pour une fois dans son existence, il tenait peut-être à quelqu’un. Non, ça serait comme renier cette carapace qu’il c’était forgé, cette image selon laquelle, les femmes ne sont bonnes qu’à être divertie. Il ne voulait pas voir les exceptions, les filles bien, il préférait ne pas les connaître. Ça lui éviterait d’avoir l’air d’un salaud… C’était plus simple de ne jamais se remettre en question et de ne laisser rien ni personne l’atteindre. Il était plus fort si personne ne connaissait la façon d’atteindre son cœur et sa conscience.

Le reste du trajet se déroula en silence, après tout, il ne pouvait pas tout dire et elle ne demandait rien. De toute façon, notre bridé n’est pas le genre de garçon qui a peur du silence…Finalement, à sa grande constatation, il remarqua qu’elle vivait non seulement sur la même rue, mais aussi dans le même bâtiment que lui. D’ailleurs, il l’accompagna jusqu’à sa porte – deuxième étage, juste à côté de la sienne. Il ne fit pourtant aucun commentaire. Naoki n’aimait pas trop parler de son mode de vie. Il lui sourit avec charme lorsqu’elle le remercia néanmoins.

« … »

Allez soit un peu sympa. Oui mais on dit quoi à une fille quand on la raccompagne? C’était bien la première fois qu’il faisait une chose pareille et il ne pouvait que se demander POURQUOI il en était venu à être aussi gentil. L’évocation du baiser fit naître sur ses lèvres un sourire amusé.

« Alors je vais attendre… »

Un truc sympa on a dit, pas un truc totalement pervers…. Juste avant qu’elle ferme la porte, il ouvrit la bouche mais ses paroles s’adressèrent à une porte…

« Oyasumi Kawaii-chan … »

Soupirant, il sorti sans clé et pénétra dans son propre appartement. S’en suivit une longue nuit de réflexions !! Torture !

|| TERMINÉ ||